30&40 a vendu sa première bouteille en 2016. La concrétisation d’un « trip de 3 copains, Thibault, Aymeric et moi-même, d’une histoire d’amitié plus que de business », explique Vincent Béjot cofondateur de 30&40.

Et, comme tous les Français qui se retrouvent entre amis, ils aiment prendre l’apéro. Mais nos trois amis ont la particularité d’être intéressés par les apéritifs français, à l’ancienne, les marques dont on voit les vieilles publicités sur les routes nationales. « On ressentait un plus quand on goûtait ces vieilles productions, tel le Goudron de Norvège, des anisés, des vermouths, etc. qui ont eu un âge d’or et qui étaient consommés purs ou allongés d’eau gazeuse », confie Vincent.

Pour lui, ces produits correspondent au « boire français », boire pour le partage, la convivialité, le goût et non pas pour l’ivresse contrairement aux USA ou en Grande Bretagne où l’on est plus friand de cocktails forts comme le Old Fashioned ou le Dry Martini qui, dégustés à 18h nous mettent K.O. !

Terroir, tradition, artisanat

Alors l’idée est venue de créer un apéritif. « Et pour cela d’utiliser nos connaissances et la richesse des terroirs normands pour en créer un comme cela se faisait à l’époque, naturel, sans ajout de sucre, de colorant ou d’arôme », poursuit-il. Ainsi est né Double-Jus, un assemblage totalement innovant de Calvados et de moût de pommes phénoliques. Et tout cela dans le respect des produits et des traditions.

En tant qu’originaire du Pays de Caux, Vincent ainsi que ces amis, au-delà d’une passion commune pour les spiritueux normands, ont toujours été sensibles à l’artisanat. « Aymeric était graphiste, Thibault designer, ce qui fait sans doute qu’ils se sentent proches des artisans et des produits de bonne qualité mais aussi d’une meilleure redistribution de la valeur. Sans compter que dans le secteur de la gastronomie cela implique également un impact environnemental plus raisonné », confie-t-il.

Pas étonnant donc que quand ils se sont mis en quête de Calvados, ce fut avant tout de partir à la rencontre des producteurs dont on ne trouve pas facilement les bouteilles à Paris.

Ces mêmes artisans avec qui ils vont collaborer pour leur deuxième création, l’Eau de Vie de Cidre. « Un calvados non vieilli, pour être au plus proche du terroir et du fruit » précise Vincent.

Une règle que 30&40 va ensuite appliquer pour son Calvados Extra Old, « notre interprétation du spiritueux, 10 ans d’âge, blend de calvas de 10 à 28 ans d’âge, issus de 3 producteurs différents, très rond très gourmand mais très fruité qui permet d’aller chercher des amateurs de rhum, de whisky ».

Chez 30&40 on n’est pas producteur, on a choisi l’approche transversale. « On visite, on déguste en distillerie. Ensuite on achète les jus, épaulés par le grand spécialiste des spiritueux Alexandre Vingtier, pour réaliser nos assemblages » confie Vincent.  C’est ainsi qu’est née une véritable collection de single casks et que 30&40 est devenue un véritable embouteilleur indépendant de Calvados « qui cartographie le calva et vient piocher dans sa collection pour sortir nouveaux produits », renchérit Vincent.

Aujourd’hui même les normands acceptent la démarche car la marque ne leur fait pas d’ombre dans le sens où elle va chercher de nouveaux clients qui ne s’intéressaient pas à ce spiritueux. Il s’agit d’une clientèle plus jeune, des amateurs d’apéro, de vin nature, pour Double-Jus. De produit local, artisanal, de craft spirit pour l’Extra Old et pour l’Eau de Vie de Cidre d’amateurs de mixologie, de gin et de rhum agricole.

A la recherche de nouveaux clients, sur des usages variés

Et cette quête se fait désormais en partenariat avec Richard Vins & Spiritueux. Un choix évident pour Vincent Béjot suite à la rencontre avec Romain Galego à L’Annexe. « Cela a tout de suite fonctionné humainement, puis on a compris, le positionnement de Richard Vins & Spiritueux pour qui le cocktail est un axe de développement. Ce qui contribue à faire que le marché se développe dans les endroits où on ne l’attendait pas. Avec la mise en avant des alcools artisanaux, français, donner l’envie à ses clients d’aller vers du premium, des offres originales », explique Vincent.

Et de renchérir, « les équipes commerciales, marketing, les achats, se sont intéressées à notre petite marque. On a vraiment ressenti leur capacité de recommandation impressionnante, ils ne se contentent pas de vendre un catalogue, il y une relation très forte avec les clients et quand on va à L’Annexe on le constate vraiment ».

Richard Vins & Spiritueux soutient 30&40 dans son développement et passe aujourd’hui par la « recherche de nouveaux clients, sur des usages variés, qui correspondent à une population hédoniste, plutôt jeune par rapport à celle qui a l’habitude de consommer du Calvados », Comme le Cidre Chaud : un cocktail d’hiver au Double Jus, servi avec sachet d’infusion comme rituel et inspiré par les apéros d’antan comme la Suze allongée avec de l’eau chaude.

« Les attentes des clients évoluent, celles des restaurateurs aussi, les tendances vont dans le bon sens avec une reprise des codes traditionnels et une meilleure attention sur la qualité des produits. L’avenir semble plus enthousiasmant », se félicite Vincent Béjot.

Quand il n’est pas à Paris au bar Le Cravan à déguster le 40-20-10, (double jus, Dry Vermouth, cordial de cidre) créé par Franck Audou on peut le rencontrer à Etretat, où il aime se ressourcer dans la maison familiale. « On déjeune ensemble, l’idéal d’un homard braisé avec le Calvados Extra Old. Puis avec mon grand-père on va marcher sur la falaise ».

L’été il se posera en terrasse, pour apprécier un « Spritz de Normandie , 5cl de Double-Jus, un top de tonic, une branche de romarin, un zeste de citron, c’est rafraîchissant et gourmand ».

Il l’aime son « petit coin de paradis normand », où il soutient l’association Zéro Mégot fondée par un caviste défenseur du Calvados et du cidre et qui incite au ramassage des mégots de cigarettes si polluants. C’est aussi comme cela qu’il savoure sa plus belle réussite en dehors de 30&40. « Celle d’avoir réussi a partager plein de choses avec des personnes de grande valeur, attentionnés, que je suis allé chercher parfois », conclut-il.